Les vacances de mon enfance, je les ai vécues dans la rue et
je me réjouis encore au souvenir du bon temps passé avec tous mes amis.
Mais il s’agissait d’une
petite rue de commerçants prospères, élevant leurs enfants de même manière,
prônant les mêmes valeurs et, pendant la guerre, solidaires entre eux.
Dans ma petite rue, il passait peut-être une voiture à
l’heure à cette époque.
Elle offrait à notre temps libre un grand espace pour
jouer au ballon, danser à la corde d’un trottoir à l’autre, s’exercer à la
toupie et dessiner à la craie des marelles.
Surtout, simplement, nous retrouver ensemble, les plus
grands surveillant les petits. Nous y avons appris la tolérance, la patience en
cas de frictions entre les différents caractères, le respect et l’amitié.
Enfant unique, j’y oubliais ma solitude et y trouvais mon bonheur.
Toute autre était la rue dans la classe ouvrière, dans des
quartiers que nous n’avions pas le droit de fréquenter, parce que réputés
dangereux.
On dirait maintenant, pudiquement, les quartiers des classes
laborieuses, mais alors, comme on n’avait pas peur des mots , on appelait
simplement ces endroits malheureux : les quartiers pauvres.
Et cette situation durait déjà depuis des siècles.
En 1805, un tiers de la population était inscrit au Bureau
de Bienfaisance.
Victor Hugo, avec son chef-d’œuvre « Les Misérables" n’a pas fait un livre de fiction. Simplement, avec son talent littéraire il a
relaté, sans doute avec rage, la vie des gens du XIXème siècle.
Les familles s’entassaient dans des logements minuscules, d’une ou deux petites pièces, dépourvus d’eau
courante, donc d’hygiène, bien sûr d’électricité et de moyen de chauffage.
Les enfants, toujours premières victimes de la misère, dans tous les pays et à toutes les époques,
naissaient, souffrait et mouraient toujours dans le même décor.
Ils mouraient jeunes, le plus souvent, résignés, jour après
jour, sans connaître rien d’autre que leur misère. Sous-alimentés, parfois
débiles, ils n’offraient aucune résistance aux microbes.
Beaucoup étaient
emportés par des maladies : variole, tuberculose, coqueluche, choléra et
scarlatine, cette épidémie qui, une année de cette époque, emporta plus
d’enfants qu’il n’en naissait dans le
même temps.
Les lois sociales n’existant pas encore, les parents pauvres
ne pouvaient pas leur offrir le luxe d’un des rares médecins, et les hôpitaux
d’alors, malgré leurs efforts et leur bonne volonté, étaient plutôt des
mouroirs que des endroits de soins
Ceux qui survivaient n’avaient devant eux aucune perspective
d’amélioration.
Ils vivaient aussi
dans la rue, mais dans de bien autres conditions que les nôtres : ils y
apprenaient le vice, le chapardage, le crime. Ils se prostituaient pour une
bouchée de pain.
A suivre Monique.
De tout temps et encore maintenant, il y a toujours des délaissés. A qui la faute? Malchance? Politique?
RépondreSupprimer