Grande, nous l’avons dit, était la misère de beaucoup d'enfants au sein de leur famille.
Plus pénible encore était
le sort des enfants trouvés. On en
dénombrait une centaine par an à la fin du 18ème siècle.
Pour leur offrir de meilleures conditions d’accueil, car
auparavant ils étaient abandonnés un peu partout, sur le seuil des églises,
dans les entrés d’immeubles, dans le froid et à peine couverts, un
« tour » fut aménagé à l’Hospice Saint-Gilles. Bien protégé du vent et du froid, il recueillait ces
nourrissons dans le plus strict anonymat et la plus rassurante impunité. Dès lors, pris en charge, ils pouvaient grandir en sécurité et bien nourris.
Le tour fut supprimé en 1823. Dépassée par cette misère, par les occupations militaires successives, la Ville est à bout de ressources.
Les abandons d'enfants, se multipliant, donnèrent lieu à des abus, même à un trafic organisé
par une dizaine de femmes qui prenaient les bébés des mains des sages-femmes,
dès leur naissance, surtout les enfants illégitimes et les emmenaient pour les
inscrire à la commune comme des enfants trouvés.
Cela leur permettait parfois de les vendre à des familles
riches en mal de descendance, mais surtout de cacher l’illégitimité de
certains : enfants adultérins ou de filles-mères.
Les enfants trouvés étaient enregistrés sous des noms
fantaisistes et confiés à des familles nourricières, dans les
faubourgs ou dans la campagne.
Familles d’accueil, mais également pauvres, pour lesquelles la petite pension
versée, les vêtements ou la layette fournis représentaient un apport
appréciable.
Certains étaient bien traités, mais cependant mis au travail
plus tôt que les enfants des villes. Parfois aussi mal nourris et mal soignés.
(comme « Cosette »).
Ils étaient mal considérés, mis à l’écart des
autres, à l’école comme au catéchisme. Regardés comme les enfants du péché. Leur
vie fut souvent très courte.
Mais tous les parents n’étaient pas des Ténardiers.
En 1895, quand le Service des Enfants trouvés et abandonnés fut
supprimé, beaucoup de ces parents
adoptifs préférèrent garder leur petit protégé et l’élever gratuitement que de
l’envoyer au Refuge des Soeurs de Charité.
A
suivre Monique
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